« Parmi les travaux de Julien-bâtisseur, il y a, à cette époque, une entreprise qui donne à rêver : il construit, en effet, une cellule. Une vraie cellule, avec une forte porte, et des barreaux à la fenêtre. Pourquoi cette reconstitution du vieux cauchemar ? Ni l’un ni l’autre ne s’est expliqué là-dessus bien clairement, et toutes les hypothèses sont permises. Selon une lettre d’Albertine à son éditeur (qui la dissuade vivement de donner suite à ce projet) elle aurait aimé se faire enfermer pour écrire dans un décor nu qui rappelât le décor où elle avait le plus écrit. Une autre explication serait que le premier des deux tenté de faire "une bêtise" irait passer quelques jours dans la cellule domestique, le temps de se rappeler les bonnes raisons vite oubliées de ne rien faire qui rapprochât de la prison. Peut-être l’un et l’autre, mais surtout Albertine, avaient-ils pris conscience que les prisonniers ont beaucoup de privilèges, et sont très préservés de la dispersion du dehors. Peut-être avaient-ils besoin de retrouver parfois la solitude vraie, sans regards sur eux, - sans ce regard aimant, intelligent, qui les faisait presque transparents l’un à l’autre. Peut-être tout bonnement leur fallait-il une vraie cellule pour user et abuser du libre plaisir d’en sortir à volonté ? Pour être délivrés l’un par l’autre pour rire, comme ils s’étaient vraiment l’un l’autre délivrés ? On n’ose pas croire, quand même, que ce fût pour jouer à s’évader… mais qui sait ?
La cellule de La Tanière ne devait jamais s’achever. »
Josane Duranteau, Albertine Sarrazin, éditions Sarrazin 1971, p.194-195.
La cellule de La Tanière ne devait jamais s’achever. »
Josane Duranteau, Albertine Sarrazin, éditions Sarrazin 1971, p.194-195.
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