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... Agenda ...

(Crayons de couleur, encre et rehaut numérique)

... réalisé dans le cadre de l'Atelier Édition de Frédéric Fleury

Un rêve

Nous sommes en auto, partant du Pont-du-Leu direction centre-ville, empruntant ce que les gens ici continuent d'appeler « la rampe », comme du temps où elle ne servait qu'à enjamber la voie ferrée. Cela fait, elle redescend maintenant pour passer sous la rocade autoroutière.
« Nous » : J. et moi. J., qui dans la réalité n'a plus conduit depuis les périodes troublées qu'elle a traversées, est au volant, tandis que j'occupe la place dite « du passager ». Mais ce n'est pas tout : elle roule, comme qui dirait naturellement (est-ce parce qu'elle était prof d'anglais?), à gauche. Et, alors même que ce rêve a aussi fait l'économie de la séparation centrale des voies, je vois déboucher de dessous le pont un bus roulant en sens inverse. Je m'en effraie brièvement, me rendant vite compte qu'il roule lui aussi à gauche !
Tout va pour le mieux, dans ce monde en miroir. Rien à voir avec mes cauchemars habituels où je ne retrouve plus rien, ni les choses que je disperse, ni les lieux que je quitte, irrémédiablement incapable de faire face au monde.

Suite à une proposition de Frédéric Fleury - Atelier 2015-2016

Quand une revue...

...n'a - malheureusement - pas trop vieilli:

Lu un article de Luce Giard qui commence ainsi, page 967

PUISSANCE omniprésente, magicienne admirée ou crainte, la science, dit l'opinion commune, a envahi la terre. raccourci qui englobe la mathématique et la physique, paradigmes d'excellence, les sciences naturelles et le cortège des sciences humaines qui s'essoufflent à leur suite, mais désigne en fait l'ensemble des modifications induites dans nos sociétés par la Sainte-Alliance science-technique-industrie. Non plus un savoir pur, aristocratique, une contemplation amoureuse de la vérité, mais une science technicisée qui régente un gigantesque procès de production rationalisé et industrialisé. Oiseleur qui nous lie à la glu de nos illusions. Interminable prolifération de savoirs et d'objets où se dévoie le désir de vérité, où s'oblitère le rêve de bonheur, où s'abandonne l'espace de liberté. Cohérence vengeresse qui impose ses parcours obligés.
Pris dans le réseau  des sollicitations de l'avoir et des sollicitations complices de la Grande Organisation, soumis aux mille ruses d’un contrôle social toujours plus insidieux, l'homme s'installe et s'enkyste dans la niche que lui offre une techonature sans cesse perfectionnée. Déjà la mémoire d'un ordinateur engrange toutes les données qui le concernent et spécifient son identité, sa santé ou son passé judiciaire. Terrifiante promesse d'une cité-labyrinthe, distendue aux dimensions de la terre, encombrée d'ordures, où vacille le pas de l'homme. est-ce cela la science? Quel maléfice nous a égarés si loin du jardin de nos espérances?