MàJ

PHARES ET BALISES

Valério

ADAMI
Alphonse

ALLAIS
Guillaume

APOLLINAIRE
Louis

ARAGON
Fernando

ARRABAL
Antonin

ARTAUD
(Balthasar Klossowski de Rola)

BALTHUS
Sharunas

BARTAS
Georges

BATAILLE
Charles

BAUDELAIRE
Marcel

BÉALU
Samuel

BECKETT
Carl Michael

BELLMANN
Hans

BELLMER
Emmanuel

BERL
Georges

BERNANOS
Jorge Luis

BORGÈS
Emmanuel

BOVE
Luis

BUÑUEL
Dino

BUZATTI
Blaise

CENDRARS
Hugo

CLAUS
Leonard

COHEN
Julio

CORTÁZAR
Louis Marie-Anne

COUPERUS
David

CRONENBERG
Brian

DE PALMA
André

DELVAUX
Paul

DELVAUX
Philip K. (Kindred)

DICK
Marcel

DUCHAMP
Bruno

DUMONT
Annie

ERNAUX
(Gudmundur Gudmundsson)

ERRÓ
Federico

FELLINI
Léo

FERRÉ
Anne

FRANK
Philippe

GARREL
Jean

GIONO
Jean-Luc

GODARD
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GREENAWAY
Alexandre

Grothendieck
Michael

HANEKE
Bernard

HEIDSIECK
Willem Fredrik

HERMANS
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HILL
Edward

HOPPER
Joris-Karl

HUYSMANS
Alfred

JARRY
James

JOYCE
Peter

KLASEN
Jerzy

kozinski
Stanley

KUBRICK
Selma

LAGERLÖF
Raphael Aloysius

LAFFERTY


LANZA DEL VASTO
Isidore Ducasse, Comte de

LAUTRÉAMONT
Anatole

LE BRAZ
Michel

LEIRIS
Jack

Howard Phillips

LONDON
LOVECRAFT
David

LYNCH
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MAC ORLAN


MAGMA
Colette

MAGNY
René

MAGRITTE
Stéphane

MALLARMÉ
André-Pieyre de

MANDIARGUES
Guy de

MAUPASSANT
Henri

MICHAUX
Jean-Pierre

MOCKY
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MODIANO
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Marcel

MORELLET
MOULOUDJI


(Christa Päffgen)

NICO
Anaïs

NIN
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NOAILLES
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Jules (Julius Mordecai Pincas)

PASCIN
Georges

PEREC
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PLATH
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PREVERT
Raymond

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The

RAYNAUD
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Donatien Alphonse François de

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SARRAUTE
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TÉLÉMAQUE
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François
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VALLOTTON
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VARESE
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VERHAEREN
Jules

VERNE
Boris

VIAN
Christopher

WALKEN
Alex van

WARMEDAM
Kurt

WEIL
Unica
 

ZÜRN 

Devoir du jour

Insomnie des petites heures, autant France-Culture agace le jour à vouloir se couler dans un modèle courant, autant ses rediffusions nocturnes sont des havres grands ouverts où même la nostalgie n'est que le quai où on embarque. Émission déjà commencée, c'est comme en accompagnant animateur et invités dans une promenade spatio-temporelle où ils évoquent entre autres Belleville et les Folles Buttes, puis le groupe Octobre, que je comprends enfin que l'une des voix est celle de Mouloudji, légèrement différente de celle de ses chansons. J'ai éteint la lumière de la cuisine où j'étais descendu et ai été captivé pendant au moins deux heures. J'apprendrai à la fin qu'il s'agissait de 'son' Bon plaisir, émission diffusée pour la 1ère fois le 16 novembre 1991.
Je ne fais ici rien d'autre que d'habitude, à savoir désigner ce qui me touche personnellement. On pourrait parler d'une recherche de modèles, de modestie ou d'orgueil, de paresse ou de manque de personnalité, et je veux bien l'assumer. Je pense aujourd'hui qu'il y a effectivement chez moi comme une sorte d'incertitude fondamentale, et que comme perdu je me raccroche à tout ce que je reconnais, à tout ce qui fait sens, non pas au sens profond, mais au sens basique du sens d'un mot que l'on reconnaît parce que de notre langue, à des caractères superficiels qui tout d'un coup font espérer ou croire qu'on est pas le seul et unique exemplaire d'une espèce incertaine.
Cette nuit Mouloudji, et j'ai bien conscience de tout ce qui diffère, insiste sur des choses que ses interlocuteurs n'acceptent pas forcément, et que lui même ne s'explique pas. Une carence dans l'enfance, et je ne pense pas aux poncifs de la psychanalyse pour tous. Une peur qui l'a accompagné pratiquement tout sa vie, 'non créative', précise-t-il, et les succès n'y font rien, au contraire, et il en parle à soixante-sept ans. L'écriture pour chercher à comprendre et tout aussi reconnue comme traitement substitutif du suicide. Et juste avant la fin de l'enregistrement, au moment où ceux qui l'estiment attendent visiblement qu'il conclue comme il faut ce qui a été comme une rétrospective, qu'il y ajoute le point d'orgue attendu, cette scandaleuse idée : "J'ai raté ma vie". Ce n'est que devant la réprobation générale qu'il va s'efforcer pour finir de la gommer un peu.
Je retiens encore : "Je ne sais pas liquider".
Et certaines insomnies m'apparaissent arrangées.

Lu à l'instant...

... sur Le Figaro Culture, dans le discours prononcé à Stockholm par Patrick Modiano venu recevoir son prix Nobel:

Et puis j'appartiens à une génération où on ne laissait pas parler les enfants, sauf en certaines occasions assez rares et s'ils en demandaient la permission. Mais on ne les écoutait pas et bien souvent on leur coupait la parole. Voilà ce qui explique la difficulté d'élocution de certains d'entre nous, tantôt hésitante, tantôt trop rapide, comme s'ils craignaient à chaque instant d'être interrompus. D'où, sans doute, ce désir d'écrire qui m'a pris, comme beaucoup d'autres, au sortir de l'enfance. Vous espérez que les adultes vous liront. Ils seront obligés ainsi de vous écouter sans vous interrompre et ils sauront une fois pour toutes ce que vous avez sur le cœur.

C'est pour l'avoir vu à la télé, quand on a su que le prix lui avait été attribué, comme malheureux d'être ainsi jeté sous les lumières, que j'ai eu envie de le lire, alors qu'un préjugé me l'avait fait ranger dans la cohorte des écrivains simplement connus. Je viens de terminer Une jeunesse, tout bêtement admiratif.
Folio Gallimard, 2007

P.S. : (28 décembre 2014). Je remarque dans la liste qui suit ce texte, ouvrages "Du même auteur", EMMANUEL BERL, INTERROGATOIRE suivi de IL FAIT BEAU, ALLONS AU CIMETIÈRE. Interview, préface et postface de Patrick Modiano ("Témoins"). Rachel et autres grâces m'avait beaucoup plu et Regain au pays d'Auge m'avait aussi intéressé. Je ne sais plus si j'ai lu Sylvia. Je ne sais pas pourquoi cet écrivain issu d'un monde si différent du mien m'a ainsi touché. L'article Wikipédia qui lui est consacré m'explique pourquoi je n'ai jamais vu mentionner son nom dans les livres et périodiques que j'avais lus jusqu'ici : le passage trouble à Vichy, je suppose. Mais cela n'efface pas ce que j'ai ressenti dans son écriture et j'ai envie d'en savoir plus, de lire d'autres écrits de lui. Vu le temps qui reste, ce ne sûrement qu'au petit bonheur, au hasard des trouvailles.

Le silence...











... est retombé
(Julien † 1991,
Albertine 1967)

Le Livre de Poche, 1977



Suite ici 

Le Googlebot-Image...

...aime bien mes collages!
Voici ceux sur lesquels il a l'air de faire une véritable fixation  ces derniers jours :



(cliquer dessus pour aller à la page de leur première publication)

Contes et légendes...

...de ma vie privée


Marie Laforêt
Stock 1981
Livre d'occasion acheté par curiosité, je l'ai lu avec grand plaisir, d'emblée surpris de découvrir que celle que ma mémoire affublait du titre de chanteuse de variétés a su aussi écrire, et d'une façon que j'aime, y mêlant humour et réserve, maîtrise de la langue et liberté du jeu. 
Ce recueil d'histoires courtes est précédé d'une Lettre à mon éditeur en forme de porte-clefs, allusion sans doute aux références reprises en quatrième de couverture par ledit éditeur, et à la vie privée du titre, mais même si j'étais plus sérieux et vraiment curieux, ce n'est pas le biographique que j'irais d'abord explorer ici. Il faut d'abord dire que les amateurs du genre seront grandement déçus, le privé y restant magnifiquement à sa place et les clefs aussi décoratives que les porte-clefs de la grande époque, tandis que les contes et légendes annoncés ne tiennent absolument pas de la publicité mensongère, d'où d'abord la lecture sans peine.
Si je voulais donc sérieusement faire mon critique, c'est autre chose que les rapports au vécu que j'irais démonter ou démontrer, à savoir quelque chose qui compense grandement le disparate de ces textes, qui à vrai dire peut déranger sur le coup : faire penser que des morceaux divers ont été rassemblés pour faire un livre. Même si c'est le cas, on se trouve agréablement confronté à une autre diversité que le contenu ou le genre, car ce qui surprend au passage de l'un à l'autre, c'est aussi une différence ténue mais nette, et certainement choisie, dans l'écriture elle-même : tonalité, style, fantaisie, peu importe, en tous cas une variation qui charme.
Mais je ne suis pas sérieux, et m'en tiens donc là. 

Qui tire donc...

...les ficelles?

Ou le mystère de nos déplacements.
Alors que nous ne quittons plus depuis des mois notre environnement immédiat, sommes allés le samedi 9 à Courtrai en Belgique. J. y a acheté un petit cadeau pour la petite fille de ma filleule - il avait déjà été décidé d'aller les voir, elle et ses parents, à Matringhem, petit village à côté de Fruges.Ce fut chose faite le lundi 18 et un vrai sourire d'enfant à été le nôtre, de cadeau.
Mais ce n'est pas tout : je considère maintenant  que nous avons à notre insu  suivi la consigne d'une opération magique ou du moins sans mauvaise volonté accompli le gage d'un jeu innocent : se procurer quelque chose dans une ancienne ville flamande traversée par la Lys, puis apporter l'objet à une fillette habitant en France où le cours d'eau prend naissance. Lisbourg est situé à 8km du village mentionné.
Ou est-ce moi qui tire les fils? On se fait les cadeaux qu'on peut. Cheminant  jusqu'ici, j'ai au moins trouvé dans Wikipédia un lien, autre fil, vers un poème*  d'un auteur que je n'étais plus sûr d'aimer encore, malheureusement aussi éloigné de nous que le monde qu'il contemple. Je trouve le texte limpidement beau. La rivière n'a, quant à elle et pour le moment, rien fait d'autre que de légèrement déplacer sa source.


*La Lys d'Émile Verhaeren

Travail...

... à l'affiche
Dessins et linos Pascaline Pouilly et Xavier Hennicaux

Cétoine dorée ou...

... Hanneton des roses


Une des choses qui n'ont pas changé depuis l'enfance : le plaisir de voir un insecte jamais vu encore. Celui-ci ce matin, immobile sur une rose fanée, était comme une pierre précieuse, et je m'en fiche bien d'employer des métaphores usées.
Comme j'essayais avec une brindille de lui faire prendre une pose plus photogénique, j'ai d'abord craint qu'il soit mort, puis engourdi ou malade, me semblant essayer péniblement de se soulever sur ses pattes. Il était plus probablement en train de se réveiller après avoir dormi au soleil : quand je l'ai à nouveau cherché dans mon viseur il n'était plus là mais me donnait à entendre une application vivante du verbe vrombir.
Comme le hanneton foulon trouvé l'an dernier sous le pin, il est aussi chez lui : il y a ici depuis plusieurs années le bois mort en décomposition qu'il lui faut pour naître et les roses qu'il aime. (cf. Wikipédia)
Aussi repérée dans une plate-bande sarclée, une plante inconnue.

Pris...

...au filet

Regardé en DVD Invasion Los Angeles de John Carpenter, autrement dit They Live [- We sleep] (1988), mais pas réussi à le mettre en V.O., disque ou lecteur (déjà) trop vieux. Adaptation plus intéressante que géniale d'une nouvelle de Radell 'Ray' Faraday Nelson intitulée Eight o'clock in the morning (1963). 
Si le film date, il en transmet malgré tout la trame avec une certaine force. Dans le monde qu'il donne à voir, si les forces de l'ordre attaquent le bidonville où les travailleurs de chantier et autres gens de rien vivent heureux, c'est que de dangereux terroristes y parasitent la télévision officielle et ont aussi inventé des lunettes noires qui, loin d'augmenter la réalité en y ajoutant une couche, la débarrassent de ses couleurs criardes et des masques de beauté qui déguisent sa propagande, faisant apparaître la crudité de ses mots d'ordre et les visages de têtes de morts des maîtres et des esclaves. 
Le réalisateur fait passer la chose au compte d'une invasion plus ou moins extra-terrestre, mais ses images parlent malgré tout dans un autre sens :


Le texte original a été traduit en français par Michel Deutsch  et publié dans la revue Fiction (éditions Opta, n°125, 1964), sous le titre Les fascinateurs.
À cette occasion, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser au spectacle donné le 28 février dernier à Loos-en-Gohelle par L'Église de la Très Sainte Consommation ou €T$C, et d’où j'ai ramené ce badge (de la taille d'une hostie): 
Après avoir un peu rapidement imaginé qu'ils avaient piqué l'idée dans le film ou la nouvelle, je pense que c'est moi qui découvre en retard des éléments culturels connus, et que je m'en sers moi-même ici.
Heureusement que la balade intertextuelle est tout sauf linéaire. C'est à dessein que je ne l'ai pas écrit d'emblée, mais j'ai appris en route que Ray Nelson était aussi l'auteur de The Last Days of Philip K. Dick. Une histoire courte qui mêle de façon extraordinaire humour et fantastique, sans manquer l'essentiel : ici dans le texte.

Le bœuf écorché...

...revisité



















Travaux textiles,
atelier d'Audrey Dewet:
Maryse Barton, Christelle Cokelaer, Nelly Darré, Danielle Dewet, Martine Didier, Michèle Houssouliez, Marielle Langlet, Nadine Leprince, Nicole Louchaert, Anne-Marie Vermesch 
École d'art,
du 28 mars au 16 mai 2014

Les doigts...

...dans le plat

























Peinture digitale sur toile,
atelier de Fred Dewaele:
Josette Balbastre, Marie-Paule Bourgois, Nadine Brodelle, José Godry, Florence Hanczyk, Zheng Heban, Yolande Heude, Jean Lefranc, Dominique Robillard et Annick Vanpeene.
8, rue des Soupirants
28 mars - 16 mai 2014

Fire Walk


*

Des livres que j'ai acquis, rares sont ceux dont je me suis vite débarrassé. Quelques uns m'ont déplu dès la première page, d'autres purement utilitaires avaient bien rendu service mais devenaient du coup inutiles.
Inutiles aussi tous ceux que j'ai lus pour d'autres raisons, et que j'ai conservés, les ayant aimés ou non ? Certains d'entre eux s'en iront peut-être aussi à l'occasion d'un dernier nettoyage, mais allégeance culturelle ou fétichisme, beaucoup feront comme un vieux vêtement qu'on garde sans le porter encore.
Des livres que j'ai commencés, certains gardent encore le marque-page quelconque resté glissé à l'endroit où je me suis arrêté il y a parfois des années, insuffisamment aimant, ou distrait, infidèle, par un nouvel arrivant. Tiendra-on un jour les promesses entrevues ? Ceux que j'ai fini de lire ne l'ont pas tous été de la même façon et ne sont pas tous de la même sorte.
Il y en a lus d'une seule traite et d'autres en plusieurs mois. Certains répondent à ce que je considère comme de la littérature, ce qui est par ailleurs discutable, d'autres me parlent, ou bien me répondent. Répondent provisoirement à ce que je cherche depuis toujours. Tout cela pour marquer des axes, car chaque livre se place en fait à tel ou tel point d'un espace à plusieurs dimensions, et tous les degrés, toutes les combinaisons, tous les cas de figure sont possibles. Quant à ladite recherche, ce n'est peut-être aussi que façon de parler. Quand même une vraie inquiétude.

Allé voir Quai d'Orsay pour ne pas toujours imposer à J. mes goûts cinématographiques plutôt marginaux, et ayant craint je ne sais pas pourquoi une comédie à la française difficile à supporter, ai été heureusement surpris par un objet non conventionnel nuancé. À la sortie du cinéma est arrivé dans la conversation le nom de Niels Arestrup, non de mon fait, ne le connaissant pas, et sauf exceptions m'intéressant depuis longtemps beaucoup moins aux acteurs qu'aux réalisateurs. Ai simplement convenu de sa présence réellement sympathique dans le film, mais tombant quelques jours plus tard sur Tous mes incendies n'ai pas résisté à l'envie de le lire. Je l'ai lu très vite : il me parlait et m'étonnait.
L'acteur censé y faire le point commence par écrire que sa vie ''n'est pas intéressante'', puis passe en revue des épisodes marquants assez souvent négatifs. S'il rapporte que Tania Balachova lui a dit à sa première audition qu'il était ''un acteur comme Michel Simon, Pierre Brasseur, Pierre Fresnay'' c'est pour aussitôt ajouter que ''les scènes suivantes la déçurent souvent'' et que ''[ces] comparaisons avaient été exagérées par la grâce d'un moment particulier''. S'il en a bien la vocation, ses débuts dans le métier ne le conduisent pas sans mal ni contretemps vers des succès. Sa timidité, c'est lui qui emploie le mot, l'empêche parfois d'avouer qu'il ne détient pas telle ou telle capacité requise par un rôle qu'il accepte. Des incidents et des malentendus sont à l'origine de mésententes graves. La direction d'un théâtre acceptée à la légère aboutit à une catastrophe. Et ainsi de suite. Les "moments de grâce" sont eux aussi rapportés, mais comme s'ils étaient l'exception et non le sujet du livre, projet conduit non sans réticence et à la fin réduit à ''un livre qu'on n'a pas aimé faire'' ou encore ''ce misérable déballage''.
Ce qui me parle est cette négativité même, dans la mesure où la toute dernière phrase ne remet pas en cause la direction choisie : ''[Je] n'ai jamais été, jamais voulu être, autre chose qu'un acteur.'' Son parcours et son regard me sont moins violents que la lumière éblouissante des réussites, quand bien même on peut passer sa vie à 'vouloir' sans arriver à rien.
Ce qui m'étonne, c'est que ce soit un acteur qui parle ainsi. Il me semblait avoir manqué de ce talent pour vivre, que jouer la comédie m'aurait davantage armé. Niels Arestrup laisse entendre que d'autres données et d'autres forces sont en jeu, qui nous échappent.

* Niels Arestrup1 : Tous mes incendies2Plon 2001.

1. La Décroissance N° 106, février 2014, éditorial de Bruno Clémentin : "La publicité ce n'est pas la place des comédiens, a déclaré l'acteur Niels Arestrup sur France-Info, le mercredi 8 janvier 2014. Merci!"
2. Adolescent, ai plusieurs fois brûlé tous mes dessins et gouaches.

La belle étrangère

Jardin, épisode 3.
Ce qui est intéressant dans le jardin, c'est son côté gratuit. On peut l'entretenir sans acheter beaucoup ou en n'achetant qu'un minimum d'outils durables. Pour ce qui est des plantes beaucoup se multipliant toutes seules ou facilement, on peut en donner et en recevoir sans passer par l'argent.
Au cours de ces dernières années, deux dons qu'on m'a faits, à chaque fois de plusieurs plants, m'ont montré à quel point les végétaux diffèrent et peuvent convenir ou non.
Certains ne posent aucun problème. Dans ce genre, j'avais déjà, importés de V.-É. et autrefois achetés par correspondance, des touffes de tradescantia ou éphémère de Virginie. Se plaisant à l'ombre elle n'en a pas moins résisté à la relative sécheresse d'un été récent, et elle s'installe durablement sans envahir tout en faisant honneur à son nom commun. Une petite plante rase à fleurs rouge vif qui les côtoie maintenant a sa petitesse comme unique défaut : moins visible et moins solidement enracinée, un coup d'outil peut lui être fatal. Mais une fois qu'on en a pris conscience et qu'on y fait attention sa courte floraison nous récompense. Je ne sais pas encore son nom.
D'autres qu'elle ont peut-être aussi souffert de leur petitesse. Une petite plante grasse a bien tenu jusqu'à une floraison discrète qui a donné des graines ayant ensuite levé tout autour, mais quelques jours plus tard tout avait disparu ! Une autre du même genre, mais à fleurs jaunes, a, elle, disparu puis réapparu.
Certains de ces cadeaux n'en sont pas vraiment. Une sorte de centaurée n'avait eu aucun mal à reprendre et ses fleurs genre bleuet étaient assez jolies. Ce n'est que deux ans plus tard qu'elle s'est révélée redoutable, gagnant partout, même dans l'herbe, surtout par ses racines. Depuis trois ans que j'ai commencé à l'éliminer, des rejetons surgissent encore ça et là.
Paradoxalement, je n'ai pas pu me résoudre à agir de même avec la plante en l'honneur de laquelle j'écris ce nouveau billet horticole. Pourtant c'était tout de suite qu'elle s'était fait remarquer : d'abord par ses fleurs roses puis par la taille d'un mètre ou plus qu'elle pouvait atteindre, exceptionnelle pour une herbacée ; ensuite et surtout par son aptitude à projeter ses graines dès qu'on la frôle. J'en ai eu peur : au printemps suivant, ce sont des dizaines et des dizaines de pieds qui ont repoussé. Mais s'arrachant sans problème et se décomposant facilement dans le compost. Comme j'avais trouvé belle cette plante, abondamment fleurie pendant un bon moment, attirant bourdons et abeilles, se fixant même dans peu de terre et qui plus est étonnamment résistante au vent, j'en ai gardé deux ou trois, et même un peu plus l'an dernier.
C'est alors que je me suis demandé ce que c'était. Les moteurs de recherche aidant, j'ai vite trouvé qu'il s'agissait de la balsamine de l'Himalaya. Avait-elle vraiment fait tout ce chemin ? Sans doute que oui, mais pas récemment ni en un jour. Poursuivant la recherche je découvrais plus inquiétant : plante invasive ! Une envahisseuse, autrement dit. Colonise les zones humides et fait reculer la flore locale. Cadeau empoisonné ? Ça m'a fait un choc. En ai arraché une. Puis trouvant la chose désagréable ai attendu et en ai parlé à G., qui m'a fait douter : il y a pire comme risque. Relisant les articles lus, j'ai cru comprendre que le problème concerne principalement les berges des rivières. Ici dans le jardin, depuis trois ou quatre ans qu'on me l'a donné, elle n'a posé aucun problème. Rien à voir avec le cas de la centaurée. Aucune de ses graines n'est parvenue au jardinet de la maison inhabitée voisine, que je nettoie à moitié avec l'autre voisin. Ni dans l'autre jardin adjacent au nôtre, que je vois bien par-dessus la haie. Si tant est qu'elle se manifeste encore ce printemps-ci, j'en conserverai encore ainsi jusqu'à nouvel ordre.


Apparition...

... du 1er août dernier:
Le gros insecte noir et blanc n'arrive pas à escalader les bords humides de la vieille cuvette émaillée.
 On l'a aidé et il s'éloigne,
croise un autre être que l'on connaît.
Juste sous le pin, il était pourtant aussi chez lui,
le hanneton foulon.

(Avant-dernière mise à jour)

Adieu pelouse

C'était l'été dernier.
À la sortie d'un film sur les abeilles, que je n'avais pas trouvé génial mais qui montrait quand même des images inquiétantes, je considère la pelouse, que je tonds de moins en moins souvent et de plus en plus haut. Le trèfle est fleuri et je vois qu'elles sont là au travail. Je repense à B. me disant que dépenser de l'énergie pour couper de l'herbe est stupide : ni économique ni écologique. Je pense au coin du jardin que j'entretiens moins et qui me cause parfois de bonnes surprises. C'est décidé : je ne vais plus la tondre. Très vite, je comprends que je dois dire : Je ne fais plus de pelouse. Bizarre en effet de parler d'une chose que l'on crée comme si elle avait eu d'abord une existence propre. Même création de nos prédécesseurs, tout laisse à penser que notre jardin avait d'abord été, comme ceux alentour, un jardin potager. Mais en refaire un n'était pas ma prétention.
Les premiers sentiments ont été de nature opposée. Tout d'abord un grand soulagement : ça m'énervait quand même, de devoir tondre la pelouse. Tout d'un coup je pouvais regarder le jardin d'un autre œil. Me demander si je devais y faire quelque chose et quoi. Le regarder était devenu nouveau.
L'année précédente j'avais déjà laissé pousser un mètre carré d'une herbe plus fine que l'autre, pour voir. J'ai donc attendu, non sans une certaine crainte. Non pas celle qu'on m'a suggéré, à savoir : Que vont dire les voisins ? , mais celle des plantes elles-mêmes. Qu'allaient-elles faire ? N'allaient-elles pas trop profiter de cette liberté nouvelle, grandir et se multiplier jusqu'à nous dépasser?
Les jours et les semaines ont passé sans qu'aucune jungle ne se forme. L'herbe est restée de l'herbe. Je me suis mis à sarcler les plates-bandes comme je faisais auparavant, étonné même d'avoir plus de temps pour m'y consacrer. J'ai continué à mettre certaines 'mauvaises herbes' dans le compost et à en confier d'autres au ramassage municipal, mais lorsqu'il s'est arrêté à l'automne, j'ai eu envie d'imiter M. et en ai fait un tas au dessus du sol, sans entourage d'aucune sorte. Encore pour voir ce que ça va donner.
Très vite j'ai été sûr de ne plus vouloir voir la tondeuse et l'ai donnée à mes amis récupérateurs. J'ai aimé la place laissée libre dans le garage. Sans travailler davantage, j'ai pu nettoyer toutes les bordures à fleurs et arbustes avant l'hiver, couper et entasser des branches. Certes pour rester un peu maître, mais aussi je l'avoue pour que le jardin reste beau : si ce n'est pas aux yeux des conformistes du moins à ceux des esprits moins étroits et à ceux des gens qui aiment les plantes de toutes sortes. Et en cette période où le printemps s'annonce, je crois que c'est la première fois que tulipes et jonquilles seront ainsi mises en valeur. Jusqu'à cette année, je m'occupais d'abord de feu la pelouse.
L'an dernier j' y avais déjà bêché deux carrés : un pour les plants de tomate qu'I. m'avait donnés et un à la place du soi-disant composteur plastique dont je me suis débarrassé. Je vais sans doute en créer un troisième. Mais c'est surtout l'évolution future de la surface herbeuse qui excite ma curiosité.

Post-Scriptum - au premier jour de l'automne 2015 : 
Je n'ai pas compris tout de suite compris pourquoi ma dernière facture d'électricité avait très sensiblement baissé. Moins d'eau chaude? moins de télé ou de lumière artificielle? Ça m'a semblé curieux jusqu'à ce que je pense aux heures passées à tondre avec mon engin... électrique. Mais si vous abandonnez votre tondeuse à explosion vous économiserez aussi.
Et pendant que j'y suis, dernière surprise du jardin. L'an dernier I. m'avait donné à repiquer des plants de tomate qu'elle avait obtenu par semis. Ils avaient bien repris mais n'ont rien donné de mangeable, tous atteints du mildiou, jusqu'au dernier qui à pourri en place avec ses fruits gâtés. Là la force du vivant : j'y ai découvert cette année un paquet de sept plants provenant à n'en pas douter de la dernière tomate tombée. Séparés et repiqués ils ont tous bien poussé et commencé à donner des fruits. C'était hier la 2ème fois que je les taillais un peu et leur ajoutais des tuteurs plus grands. Les grappes sont maintenant nombreuses.
Pour être honnête, je dois dire que j'ai a nouveau remarqué 1 tache de mildiou sur 1 rejet. Même s'il finit par gagner le reste, étant donné les semaines de fortes pluies qu'on a eues, le progrès est indéniable. Ne pas oublier de sauvegarder des graines.