Trompe-l’œil prosaïque

Le début du poème le déconsidérait d’emblée : "travaux de façade". Pas étonnant que le ravaleur fatigué n’en soit pas venu à bout, il fallait tout reprendre, ou tout rendre à la nuit.
Le matin un sculpteur , et en lieu et place du visage à retaper la table rase d'un bloc de pierre inerte et muet, vierge autant que Marie : depuis quand dit-on qu’il contient déjà la forme, que l’artiste la libère de l’emprise minérale ?
Piquer, tailler, y aller du burin, les éclats censés s’arrêter aux contours préexistants, comment sonder la dureté du bloc sinon les yeux fermés, oreilles tendues vers l’invisible, oreilles prêtes à rendre au lisible la beauté emprisonnée, un jeu d’enfant.
Mieux encore : le faiseur n’y étant pour rien, simple instrument de l'entité qui commande à tout, il ne lui est demandé que de s’abandonner à ce savoir et à cette force, que d’être outil humain agi et animé.
On voit d’ici l’histoire littéraire les mythologies polythéistes monothéistes animistes les théories psychanalytiques les cortèges et les manifestations les possessions les processions les processus les protocoles les kyrielles les kyrie eleison.
Chanter le la le vrai le juste.

Le sourcier réveillé a simplement buté dessus, et disjoint le caillou qui bondait la langue mais la voir ainsi débouler fait peur, quelque chose comme la mort pourrait bien arriver, et quelqu’un perdre au change.
Des papillons volettent dans les jardins rendus et les acteurs s’esquivent.

Pertes et profits








Fin :
JNP VIII-2000, peinture perdue



J.-M. R., La Voix du Nord du jeudi 25 mai 2006 :

La Poste égare cent copies de Sciences Po Lille
« C’est un fait rarissime. » Le ser­vice communication de La Poste, après plusieurs jours de recher­ches, se confond en excuses. Le paquet de cent copies de l’épreuve de culture générale pour l’admission en deuxième an­née n’est jamais parvenu à son correcteur.
« Il ne s’agissait pas de courrier traçabilisé, expli­que-t-on encore à La Poste. C’était juste un recommandé. »[…]

Octobre-novembre 2000, j’expose à Lompret, à La Petite Renarde Rusée. Je vendrai une petite gouache cette fois-là et une petite peinture acrylique après « In The Garage ». Quelque temps plus tard, je pense que je vais en vendre deux autres, commandées par un ami, artiste postal (on verra que c’est le comble) de l’Oise qui, n’ayant pas pu se déplacer, s'est décidé d'après photos. Les tableaux n’étant ni grands ni lourds et les emballer correctement ne me posant pas problème, je lui propose naïvement de les lui envoyer par la poste.


Expédiés en « Recommandé R3 » le 11 octobre 2002, ils n’arriveront jamais à destination. Après réclamation le 19 novembre suivant et de multiples courriers au bureau de poste local, au « Service Clients Courrier » de Libourne, puis au plus haut niveau que je croyais atteindre, à savoir la « Direction Générale de l’Industrie, des technologies de l’Information et des Postes, Service des Industries Manufacturières et des Activités Postales », soit plus de six mois d’échanges de lettres, je n’aurais jamais d’autre réponse que :

« Après enquête, votre colis a été déclaré perdu. […] vous avez été indemnisé le 17 décembre du montant forfaitaire correspondant. »
Aucune de ces réponses n’a jamais fait allusion aux questions posées par moi dès l’annonce, que je trouvais extraordinaire, de la perte.

Il m’était déjà arrivé, par mégarde, de mettre une lettre à la boîte de départ de mon bureau de poste, et de me rappeler ensuite que je m’étais trompé d’adresse ou que je devais compléter l’affranchissement. Lorsque je le signalais aussitôt après au guichet, je n’ai jamais eu de difficultés pour rectifier l’erreur, à deux conditions : que le courrier puisse m’être attribué sans aucune ambiguïté ; que la rectification soit faite par les employés eux-mêmes : pas question de reprendre en main propre la lettre mise à la boîte. Je trouvais ça bien. Cela me confortait dans l’idée que j’avais d’un circuit hermétiquement sûr dont le personnel était seul et pleinement responsable et je croyais que l’indemnisation des objets recommandés intervenait en cas d’incident majeur : catastrophe naturelle, incendie ou cambriolage. J’avais tort.
Alors qu’un seul département sépare nos départements respectifs, je n’ai jamais réussi à savoir aucune des circonstances de la disparition : où, quand, comment, sous la responsabilité de qui? J’ai alors compris que cette disposition était simplement prévue pour couvrir tous les dysfonctionnements possibles sans avoir à les justifier.

En ce qui me concerne, le problème n’est pas la valeur de mes productions. Un imprimeur local à qui je reprochais de n’avoir pas tenu compte de mes consignes écrites de mises en page d’une impression commandée m’a une fois dit que « de toute façon ça n’était pas génial ». Le problème est celui du travail attendu de tel ou tel prestataire, professionnel ou non. Un autre imprimeur, pourtant éloigné, à qui je reprochais d’avoir transformé un rouge vermillon en rouge carmin m’a simplement demandé de réexpédier les imprimés reçus. Quelques jours plus tard je recevais l’ensemble correctement réimprimé.
D’autre part, dans ma transaction rompue, mon correspondant faisait plus que payer : il donnait un sens à ce que j’avais fait et en attendait une satisfaction. Nous avons tous les deux perdu et quelqu’un d’autre en profite sûrement : je n’ai jamais reçu aucune preuve circonstanciée d'une destruction de marchandise. Des excuses, oui : autant que de lettres-types reçues.


La Poste aurait-elle changé entre temps ? Suite de l’article :

« Nous présentons nos excuses aux étudiants et à 1’IEP », lâche la responsable de la com­munication de La Poste dont un représentant participera ven­dredi à une conférence de presse avec la direction de l’IEP. Ce jour-là, on en apprendra sans doute un peu plus sur les circons­tances de la mystérieuse disparition.

Sans doute. Qui croit vraiment à une enquête ? L’intervention d’un responsable de la communication n’est pas de bon augure. Call centers et hotlines, tampons en tous genres, les seigneurs des châteaux plus que jamais inaccessibles volent (comme des oiseaux) au-dessus de la mêlée. Et c’est justement une coïncidence (qui n’en est peut-être pas une : y aurait-il article pour des particuliers non particuliers ?) qui me fait revenir sur ce chapitre désagréable. Une note termine la relation du fait divers :

~ Le 17 mai déjà, les candidats à l’ED­HEC avaient dû repasser une épreuve après la disparition d’un paquet de co­pies.

Science Po, EDHEC… Je ne veux ni ne peux polémiquer, ni dénigrer La Poste, ni surtout faire des reproches à ceux qui y travaillent : beaucoup partagent avec les usagers une même conception de cette activité civilisée. Mais je ne suis pas sûr qu’il en aille de même avec ceux qui la dirigent. Si seulement les politiques, commerciaux et autres directeurs de ressources humaines pouvaient à l’occasion se rendre compte qu’il manque ici et là un peu d’humanité non intérimaire… Mais aiment-ils leur travail autant que les facteurs l’aimaient?
Personnellement, je crois que comme avec ma conception du Courrier recommandé je me suis mis le doigt dans l’œil en disant oui à l’Europe : je voyais en rêve une extension à l’échelle continentale des services publics, chemins de fer et postes y compris, où aurait été réuni tout ce que chaque pays avait de meilleur en la matière.

Le titre de la deuxième peinture perdue* vient en partie du fait que je m’y suis servi d’un tube que je n’utilise pratiquement jamais, préférant reconstituer la couleur en question. Si jamais vous les voyez passer quelque part ...

*JNP 1-IX-2000 : Travail au noir


Les animateurs





J. Sauvageot / A. Geismar
D.Cohn-Bendit / J.-P. Duteuil
LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE
les animateurs parlent
Éditions du Seuil
"imprimé en France 6-68"
"L'histoire immédiate" collection dirigée par Jean Lacouture
Photo Elie Kagan



La collection méritait vraiment son nom. Que deux lettres à changer : il n'a pas fallu longtemps pour écrire agitateurs.

Faites-moi signe


Mail art call */

Projet d’art postal /

Postkunst project

Give me a sign /

Geef me een teken

Carte postale de format carré, dimensions maximum 20 x 20 cm
De préférence fabriquée, technique et support libre
Un signe = un seul - ni un mot ni un texte ni une image

Verso à votre disposition
; timbre et adresse du côté que vous voulez.(Le plaisir du donneur d’ordre : aux autres d’inventer des solutions…)
Date limite : le 15 septembre 2006Exposition en octobre + dès que possible sur  jnp & au fur et à mesure des réceptions
Pas de retour, documentation si réponse correspondant au projet et adresse indiquée.
(Si vous voulez la recevoir par email envoyez-moi votre adresse électronique; la mienne est ci-contre à droite, n'oubliez pas de la décoder. La vôtre ne sera pas publiée mais seulement utilisée par moi.)

Envoyer sans enveloppe à

JNP, 36 rue de Québec, 62100 CALAIS, France
*Please send me without an envelope a

homemade postcard of square format, size free up to 20 x 20 cm
Free techniques and media
A sign = one sign - not a text nor words nor a picture, except if this picture "gives a sign" (not a message)
Sorry the solution is left to you...
(If you do want to send me a message or another artwork as well, use the back as you like - stamp and address on any side)
Deadline : September 15, 2006Works will be exhibited on line as far as I manage to do it but in any case at the above address in October 2006
No selection, no return
Documentation if work relevant to the project and sender's address written

(You may let me know your email address by writing to mine:
"jan_o_neel at hotmail dot com" - I won’t publish yours but will contact you it in case of new projects.)

Ce grand garçon sensible



Roman d'amour inédit
par Claude Gérard
Les Éditions de la Gazelle
"Collection de Fontenailles" n° 53
Châteauroux, s. d.
Illustration Desmé

C'est un matin

C’est un matin que je dormais
L’histoire achoppe dans ma chambre
Montée du bas où qui venu
Une mort faute en noue le drame

Est-ce plus tard ma mère crie
Que la recrue va en pâtir
Je suis victime mais n’ai pas
Un alibi si impeccable

Noyé pendu le grand-papa
Savoir quand même me perturbe
Je n’ai pas pu barrer la croix
Et tu vois comme mes mots hurlent

Cinquante-trois années passées
Le désespoir est-il le sas
Du bathyscaphe où je griffonne
Une monnaie de mots masqués

On voudrait bien redémarrer
Rien qu'un voyage du manège
Or illusoire le répit
Argent perdu que nos histoires


Version légèrement modifiée d'un poème paru en 2001

"En amical salut à Jean-Michel Aubevert"
dans la revue Dixformes-Informes de Philippe Brahy
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