Réveil à une heure du matin. Un de ces rares moments où comme un naufragé au milieu du désert marin se raccroche à la moindre épave je me laisse hameçonner par les boucles de l’autre écran. Et c’est curieux comme l’horreur fascine : le zapping de cette nuit me scotche d’abord à Canvas, où un reportage me fait suivre un photographe napolitain dans la ville aux ordures. Trois images me reviennent. Un employé arrose les détritus d’un produit parfumant ; des manifestantes qui osent brandir au beau milieu de l’autoroute des photos d’enfants leucémiques sont déplacées de force par la police et la voie nette est à nouveau rendue aux camions-bennes ; un habitant dans sa propriété familiale désormais cernée par les murs des déchets emballés et entassés en pyramide parle de l’arbre qu’y avait planté par son père, qui lui avait demandé d’en prendre soin. Rien à voir avec ce qui se passe ici, où l’on recycle merveilleusement les emballages de moins en moins nombreux, il ne faut pas tout voir en noir… Envie quand même de changer d’ambiance avant de retourner au lit. Sur France 2, paradoxalement, ce sont des images en noir et blanc qui me retiennent et justement parce qu’on les dirait en couleurs, et que c’est la vie d’une époque révolue qui saute aux yeux. Je comprends que c’est Qui êtes-vous, Polly Magoo ?, puis que c’est la fin du film. Mais assez pour me dire que je ne l’avais pas jusque là apprécié comme il le mérite, ou bien qu’il marche à chaque fois qu’on le regarde, ou encore que le progrès ou l’histoire n’ont aucun sens dans le domaine de l’art, ou aucun sens du tout. Un gros plan sur le grain de deux visages vaut tous les millions de pixels du monde et le générique final associe des voix merveilleuses à un dessin déroulant inimitable : Roland Topor et Michel Legrand. Il est temps que j’arrête…
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