Avant-hier dans le train me ramenant de Lille j'arrive enfin aux dernières pages d'un livre* que j'aurais mis plusieurs mois à lire. Le semblant de suspense n'a finalement rien apporté de sensationnel mais le lecteur que je suis y trouve par hasard son compte. Lorsque le narrateur se rappelle encore une fois la mort de ses parents, à savoir cette fois où parti avec son frère à la recherche de sa sœur jumelle il la retrouve sur le lieu de l'accident. Elle leur dit, et un grand chêne en porte encore les cicatrices, que c'est là que ça s'est passé et il se pose la question que j'ai écrite ici il y a quelques semaines, comme légende à un collage : Que s'est-il passé?
Faute de mieux, j'en suis venu à attacher de l'importance à ce genre de rien, une phrase banale répétée dans la même langue. Mais aussi assortie de conditions similaires plus ou moins formulées : un dénouement et un solstice, la fin d'un cycle encore une fois repris et les évocations ici et là, de la mort et de l'être, de la naissance et de l'incapacité à vivre, à la fois attiré et tenu en suspens par cet hameçon interrogatif. Si j'osais être franc quand on me demande comment je vais, je devrais moi aussi avouer que je ne vois rien d'autre à dire : Que s'est-il passé?
*Le roman de Marcel Möring Het grote verlangen, a été traduit du néerlandais par Marie Hooghe et publié aux Éditions Flammarion sous le titre Le Grand désir en 1997.
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