Lu à l'instant...

... sur Le Figaro Culture, dans le discours prononcé à Stockholm par Patrick Modiano venu recevoir son prix Nobel:

Et puis j'appartiens à une génération où on ne laissait pas parler les enfants, sauf en certaines occasions assez rares et s'ils en demandaient la permission. Mais on ne les écoutait pas et bien souvent on leur coupait la parole. Voilà ce qui explique la difficulté d'élocution de certains d'entre nous, tantôt hésitante, tantôt trop rapide, comme s'ils craignaient à chaque instant d'être interrompus. D'où, sans doute, ce désir d'écrire qui m'a pris, comme beaucoup d'autres, au sortir de l'enfance. Vous espérez que les adultes vous liront. Ils seront obligés ainsi de vous écouter sans vous interrompre et ils sauront une fois pour toutes ce que vous avez sur le cœur.

C'est pour l'avoir vu à la télé, quand on a su que le prix lui avait été attribué, comme malheureux d'être ainsi jeté sous les lumières, que j'ai eu envie de le lire, alors qu'un préjugé me l'avait fait ranger dans la cohorte des écrivains simplement connus. Je viens de terminer Une jeunesse, tout bêtement admiratif.
Folio Gallimard, 2007

P.S. : (28 décembre 2014). Je remarque dans la liste qui suit ce texte, ouvrages "Du même auteur", EMMANUEL BERL, INTERROGATOIRE suivi de IL FAIT BEAU, ALLONS AU CIMETIÈRE. Interview, préface et postface de Patrick Modiano ("Témoins"). Rachel et autres grâces m'avait beaucoup plu et Regain au pays d'Auge m'avait aussi intéressé. Je ne sais plus si j'ai lu Sylvia. Je ne sais pas pourquoi cet écrivain issu d'un monde si différent du mien m'a ainsi touché. L'article Wikipédia qui lui est consacré m'explique pourquoi je n'ai jamais vu mentionner son nom dans les livres et périodiques que j'avais lus jusqu'ici : le passage trouble à Vichy, je suppose. Mais cela n'efface pas ce que j'ai ressenti dans son écriture et j'ai envie d'en savoir plus, de lire d'autres écrits de lui. Vu le temps qui reste, ce ne sûrement qu'au petit bonheur, au hasard des trouvailles.

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