Nausée et éblouissements

(version bêta)

Tout d’un coup pas vraiment : tu l’as vue venir la faille, la chute inévitable, le sol se dérobant sous toi. Tu quittes en plein soleil ce que tu avais encore une fois imaginé être ta trajectoire, ton voyage tant de fois remis enfin le vent en poupe, enfin l’oubli de tes attaches, du boulet aux chevilles, du ciel bleu barré. Ton hologramme lumineux de toute façon éteint, tu te sens à nouveau honteux et ridicule auteur et spectateur de tes débâcles rédhibitoires, et dans le film qui continue tu vois l’autre doublure volage te trahir sans scrupules.

Au loin la fête et ses plaisirs, loin la musique et les parfums, adieu amours et communions, tu te raccroches à l’emploi du temps jusqu’au prochain accroc, tu t’avoues tes bassesses : tu les espères ces déchirures, ces leurres placés comme au hasard pour abuser le chien que tu détestes, cette âme tapie indécollable qu’aucune leçon ne raisonnera jamais, prête toujours à en découdre, à te laisser comme transparent cent et une fois défait refait.

Comme un ivrogne attend le verre qui précipite sa déconfiture, tu attends les mirages et les apparitions, les guérisons miraculeuses et l’humour noir du papillon célèbre. Tu serres les dents et te cramponnes à la rugosité du jour. Ton chameau têtu traverse des déserts glacés, ton radeau oublieux te transporte secoué de Charybde en Scylla. Tu retiens ta haine et prends des médicaments pour faire passer le mal au cœur.

Surgie du mur ou de la foule, des Amériques ou d’à côté, née des présences ou simulacre, la vierge de Lourdes réapparaît ainsi : tout d’un coup pas vraiment. Tu y crois à ce point que tu lui fais signe de la main et qu’elle y répond. Dans une autre occurrence, quelques heures plus tôt ailleurs c’est elle qui commence. Tu te dis que tu n’en auras jamais fini. Que tu te voies ici tirer du vide ces objets kitsch made in China ne te tire pas d’affaire.

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