Ou les petits plaisirs du courrier électronique.
Il y a quelques jours, j’ai fait des recherches sur le web pour trouver des crayons à dessin.
C’est vrai que j’aime bien chercher pour chercher, mais il y a aussi que la distribution commerciale qui s’impose, celle des gros et forts qui rachètent les petits, aboutit à une soi-disant diversification de l’offre, alors qu’en fait deux ou trois marques seulement, quand ce n’est pas une ou deux, sont représentées partout, qu’il s’agisse de yaourts, de crayons ou de papier. Cela ajouté aux contrats d’exclusivité qui lient les détaillants, il devient impossible de faire des comparaisons. Il y a un type de crayon que j’aime bien en ce moment, mais je ne le trouve que dans une seule marque et je voudrais pouvoir essayer le même type produit par des fabricants différents (je trouve qu’il est bien, mais aussi qu’il pourrait être mieux). Je sais que la logique dominante veut qu’il n’y ait plus à la fin qu’un seul fabricant, un seul distributeur et un seul ayant-droit de chaque marchandise ordinaire. On en vient à désirer que le prix du pétrole monte encore pour revenir un peu en arrière exploiter les ressources naturelles et humaines régionales, ce dernier mot pris au sens large.
Je m’éloigne du peu que je comptais écrire mais je crois que ça m’amuse de contredire le sens apparent du titre.
Le regroupement évoqué ci-dessus n’ayant pas encore abouti, j’ai découvert que des crayons qui risquent de m’intéresser ont eu une longue histoire en Europe centrale et sont encore fabriqués en République tchèque. Le site du fabricant se présentant non seulement en tchèque mais aussi en anglais je vois que leurs articles sont vendus dans plusieurs pays pour lesquels ils indiquent le distributeur, mais la France fait partie des « autres », auquel cas il faut s’adresser directement au producteur. J’envoie donc un e-mail pour savoir si un habitant du Nord-Pas-de-Calais peut se procurer leurs produits.
Le lendemain ou le surlendemain je passe en revue la liste des indésirables de ma boîte aux lettres. Entre autres filtres le spam américain m’a conduit à écarter les objets commençant par ‘re:’, mais je repêche de temps en temps de vrais courriers et en l’occurrence l’extension ‘.cz’ m’a fait le même plaisir que les timbres étrangers à un enfant collectionneur. C’était la réponse à ma demande d’information et on m’indiquait les coordonnées d’une société française distribuant leur marque. Message en anglais bien entendu, mais peut-être parce que je vois que la personne qui l’envoie porte un nom tchèque et un prénom français, « Marie », c’est en français que je fais ce que je fais toujours, à savoir dire « Merci » aux gens des administrations ou des sociétés qui prennent la peine de répondre à un message écrit, même si c’est plus facile que par courrier postal.
Peu après, retrouvant dans ma boîte un message avec ‘re:’ et ‘.cz’, ma première pensée est que j’ai dû faire une erreur de manipulation, mais non. J’ouvre et trouve :
« De rien ».
J’ai trouvé ça extraordinaire. Vous allez dire qu’il ne me faut pas grand-chose.
(J’ai envoyé un autre e-mail à la société française distributrice. Aucune réponse à ce jour. Mes craintes : soit elle n’existe plus, soit ce sont des gens qui téléphonent. J’ai horreur du téléphone.)
1 commentaire:
C'est souvent le "pas grand chose " qui est extraordinaire.
Merci pour cette belle histoire.
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