Février 1974, Éditions La Marge, Kesselring éditeur, troisième et dernier numéro. On y retrouve la forme précédemment rodée, les rubriques et les collaborateurs de la compagnie Sternberg : le 'lexique toxique' et l''encyclopédie permanente', Berner et Topor. Pour changer, un problème de mots-croisés tient lieu de sommaire, et il n'y a qu'à feuilleter la présente livraison pour en trouver la solution.
Ce qui frappe alors, c'est la présence des dessins de Lucques, un véritable florilège et à eux-mêmes encore une fois tout sauf des illustrations : des articles parmi les autres. Dans le nombre, on s'arrête entre autres et entre les deux couvertures couleurs, à une crucifixion qui n'a pas effarouché les fidèles de l'époque – on doit dire que l'accouchement qu'on voit quelques pages plus loin est d'une autre violence. Des dessins qu'on se surprend à regretter aujourd'hui, mais qui sait, aurait-on accepté de leur auteur qu'il se soit répété en en faisant un fond de commerce, ou bien qu'il ait viré de bord? La tangente est aussi permise.
La bande dessinée cosignée par Jacques Sternberg et Jean Gourmelin apparaît comme l'autre morceau graphique du numéro. Mais sauf information contraire, cet épisode 'à suivre' des Journées de Mr Vase en sera en fait le dernier et son final d'œuvre inachevée est somme toute adéquat :
"Accablé, Monsieur Vase s'est écroulé et quand il reprend ses esprits, il se voit au bord d'une énorme valise ouverte, béante comme le vide, comme une tombe.
Et c'est avec terreur qu'il recule, recule..."
Des notes de lecture méprisantes on ne retirera naturellement que les titres qui 'valent le détour' . À vrai dire peu de littérature hors genre : Martin Eden de Jack London, De l'inconvénient d'être né, de E. M. Cioran, Siloé de Paul Gadenne et La Cruche d'or de James Stephens. Sinon, Jacques Sternberg défend toujours le fantastique, l'humour et les images : Diane Arbus, l'Art fantastique (Chêne), Maupassant, Cardon : La véridique histoire des compteurs à eau. Et il termine en écrivant, à propos du Bon sexe illustré (Minuit) de Tony Duvert :
"Miracle! On le croyait incapable d'écrire avec des points et des virgules, on le croyait enfermé dans son lyrisme personnel assez épuisant et puis non, il signe un ouvrage précis, acerbe et fort drôle : une mise en pièces et en boîte de la ridicule Encyclopédie de la vie sexuelle publiée par Hachette."
Têtes de turcs de ce dernier numéro: Jean Cau dans les 'Grandes rencontres' et 'ex-æquo' Denis Roche et Philippe Sollers comme 'Imbécile du mois' . Quant à l'article nécrologique sur 'La mort de Coco Chanel', il dessine en creux, irrespectueux en diable, un portrait surréaliste plutôt sympathique.
Et son classement dans les 'vieilles actualités' - "Elle est morte il y a exactement deux ans et un mois" - souligne le caractère parodique, voulu ou non, du format périodique de la revue. Mépris pouvait bien s'arrêter, sans plus de formalités.
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