Il a huit ans

Il a huit ans il fait soleil ou bien il ne sait plus. Il arrive à l’école ou bien y est, il s’avance dans la cour fermée. Ils l’assaillent sans qu’il sache comment le cauchemar a commencé. Il sait seulement qu’il n’en sortira pas. Que personne ne veut entendre ce qu’il essaie une fois ou deux de dire, que les choses n’ont pour personne la gravité qu’il dit.
Comment comprendre qu’ils avaient ainsi réussi à le convaincre, à lui faire admettre qu’ils avaient raison : que son nom de famille n’était que l’autre face du surnom abject qu’ils lui donnaient et qu’il n’y avait en l’occurrence aucun arbitraire linguistique dans cette nomination, mais bien une adéquation quasi parfaite entre ces mots interchangeables et la chose molle excrémentielle qu’il était à leurs yeux ?
Verdict définitif levé à l’occasion : qu’ils le forçaient si besoin était à jouer avec eux n’était qu’une marque supplémentaire de leur supériorité.

Le pronom il est une lame qui plonge dans la chair vive, dans la chair enterrée vivante. L’homme au scaphandre déclenche à froid les courts-métrages hallucinés, les feux follets bouclés du cimetière personnel. Combien de fois combien de coups combien encore, les temps s’allongent entre les dates, le noir le froid le gris prennent le dessus. Pourquoi chercher dans le désert des débris d’avions, de la poussière de papillons morts dans la cendre des feux éteints, quel cerf-volant dans le drapeau roulé ?

Aucun commentaire: