Les watergangs n’existent pas.
Leur surface tranquille n’est pas partiellement recouverte de lentilles, ni parcourue de coléoptères luisants, ni non plus de ces sortes d’araignées graciles dont on ne sait pas le nom. On ne peut pas descendre la berge oblique pour aller puiser de l’eau, aucune marche n’a été taillée puis consolidée par une planche verticale, aucun pilotis planté à environ un mètre de la rive pour en recevoir d’autres posées à plat pour former comme un ponton carré à la taille d’une personne. Le mot « puchot » n’est pas français, la chose n’a pas de mot. L’eau du cours d’eau artificiel n’est pas buvable. Même au soleil, sous le miroir que des nuages traversent, elle reste obscure. Aucun enfant n’y voit rien vivre, ni salamandres ni tritons aussi étranges que les images de batraciens tropicaux que l’on achète à la librairie-papeterie du chef-lieu de canton pour orner les pages du cahier de sciences naturelles, ni têtards ni sangsues. Impossible de remuer la vase du fond avec un bâton pour en faire remonter de grosses bulles de méthane malodorant, ni de les capter à l’aide d’un pot à confiture préalablement plongé puis renversé dans l’eau. Une fois le récipient de verre ressorti rempli de gaz, interdit de jouer avec le feu : personne ne se dépêche d’approcher de l’ouverture une allumette enflammée. Nulle explosion et la boîte en bois n’est d’ailleurs pas décorée d’une étiquette où l’on verrait une femme en ancien costume de Flandre ou d’Artois, ni d’une maison typique aux murs blancs et noirs. Tous les ans avant la ducasse, personne non plus ne les repeint de chaux et de coaltar, ni n’ajoute une nouvelle couche de couleur aux portes et aux fenêtres.
Ce dimanche-là, aucun gros pétard en forme de bouchon n’éclate, le garçon de la maison n’a pas le genou brûlé. On n’a pas peur, on n’a même plus ni froid ni chaud. Les soirs d’orage, les vers de terre ne sont pas enfilés, ni le noir parapluie à réservoir retourné dans l’eau. On ne va pas pêcher l’anguille « à l’moque », sans hameçon. On n’habite pas là.
Leur surface tranquille n’est pas partiellement recouverte de lentilles, ni parcourue de coléoptères luisants, ni non plus de ces sortes d’araignées graciles dont on ne sait pas le nom. On ne peut pas descendre la berge oblique pour aller puiser de l’eau, aucune marche n’a été taillée puis consolidée par une planche verticale, aucun pilotis planté à environ un mètre de la rive pour en recevoir d’autres posées à plat pour former comme un ponton carré à la taille d’une personne. Le mot « puchot » n’est pas français, la chose n’a pas de mot. L’eau du cours d’eau artificiel n’est pas buvable. Même au soleil, sous le miroir que des nuages traversent, elle reste obscure. Aucun enfant n’y voit rien vivre, ni salamandres ni tritons aussi étranges que les images de batraciens tropicaux que l’on achète à la librairie-papeterie du chef-lieu de canton pour orner les pages du cahier de sciences naturelles, ni têtards ni sangsues. Impossible de remuer la vase du fond avec un bâton pour en faire remonter de grosses bulles de méthane malodorant, ni de les capter à l’aide d’un pot à confiture préalablement plongé puis renversé dans l’eau. Une fois le récipient de verre ressorti rempli de gaz, interdit de jouer avec le feu : personne ne se dépêche d’approcher de l’ouverture une allumette enflammée. Nulle explosion et la boîte en bois n’est d’ailleurs pas décorée d’une étiquette où l’on verrait une femme en ancien costume de Flandre ou d’Artois, ni d’une maison typique aux murs blancs et noirs. Tous les ans avant la ducasse, personne non plus ne les repeint de chaux et de coaltar, ni n’ajoute une nouvelle couche de couleur aux portes et aux fenêtres.
Ce dimanche-là, aucun gros pétard en forme de bouchon n’éclate, le garçon de la maison n’a pas le genou brûlé. On n’a pas peur, on n’a même plus ni froid ni chaud. Les soirs d’orage, les vers de terre ne sont pas enfilés, ni le noir parapluie à réservoir retourné dans l’eau. On ne va pas pêcher l’anguille « à l’moque », sans hameçon. On n’habite pas là.
(Ni à Hubert ni à Edith, ni à Lucien ni à Georges, ni aux Flamands ni aux Picards)
Texte lu au "Dîner des Vilains bonshommes & Vilaines bonnes femmes" n° 18, desquels étaient Dan & Guy Ferdinande, le mardi 15 décembre 1998 au Café de la Fontaine Saint-Chrysole à Verlinghem, légèrement remanié le mercredi 18 septembre 2002.
Texte lu au "Dîner des Vilains bonshommes & Vilaines bonnes femmes" n° 18, desquels étaient Dan & Guy Ferdinande, le mardi 15 décembre 1998 au Café de la Fontaine Saint-Chrysole à Verlinghem, légèrement remanié le mercredi 18 septembre 2002.
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