femme de Chez Nous, collage numérique (2004?)
(Ç’aurait été une tentative, une tentative de liquidation. Une dernière fois, une encore, vous auriez grappillé ces reflets imprimés, ces belles images qui vous arrêtent, vous affolent et vous enferment, toujours plus seul, toujours plus loin des ici-vivantes. Dans la douleur et l’exaltation, dans la joie du petit bonheur et dans l’oubli de la prison, prélèvement précautionneux des fragiles décalcomanies, sélection opiniâtre d’un décor idéal tout aussi factice que les éventuels accessoires, positionnement trouvé comme on cherche une source, et il arrive que l’accord obtenu entre alors en résonance avec vous ne savez quelle plaie ou quelle marque, aussi étrange qu'intime. Vous voulez alors le consolider, qu’il fasse peut-être durablement obstacle au noir de l’espace nocturne, au blanc plâtreux du mur, au verre de l’éprouvette où vous ne vous sentez toujours pas beaucoup plus qu’un têtard, qu’un vulgaire embryon d’homme. Que ce soit un peu au tour des autres d’entendre cette note, ce quelque chose qui serre la gorge, qui noue le rire et retient les larmes, ce quelque chose… En fait, vous voulez dire comment vous vient, depuis l’adolescence, cette idée du suicide comme la seule issue à l’impasse du désir, tout en étant persuadé que c’est au moment où vous pratiquez votre artisanat maladif que c’est à petit feu, avec raffinement, comme on dit d’une torture, que vous vous supprimez. Aussi, si tant est que le malaise transfère la catastrophe, rien d’étonnant à ce que les œuvres produites relèvent du dessin de presse à sensation, sinon de la peinture anecdotique. Tableaux non pas dérangeants, mais gênants : où les mettre ? La question est supposée embarrasser aussi bien la contemporanéité que la peinture du dimanche, les amateurs d’érotisme comme les amoureux des arts. Quant à l’auteur coincé, pris en flagrant délit entre vol à l’étalage et accident de circulation, entre honte et culpabilité, il n’ose même plus songer à se faire la belle.
Autoportrait en creux du célibataire fictif exposé / mis à nu / effacé par ses mariées imaginaires. Mettez-vous à sa place, pour voir. Hypothèse comique ?)
Autoportrait en creux du célibataire fictif exposé / mis à nu / effacé par ses mariées imaginaires. Mettez-vous à sa place, pour voir. Hypothèse comique ?)
JNP 17-X-00 pour l'expo à la PRR, lien ci-contre